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28.1.08

Seul au monde


En lisant Prémablog, un blog concernant une histoire similaire à la notre, j'ai compris que la souffrance qui avait été la notre, ne s'était pas estompée avec le temps.
En effet,à des moments très précis de ma vie, je revois des situations que j'ai connu comme si j'y étais toujours : la solitude ressentie le jour de l'accouchement, lorsque pour seule compagnie, la standardiste de l'hôpital a daigné prêter l'oreille à ma détresse.
Ce jour là, ma femme allait accoucher dans des conditions inconnues, alors que j'aurais dû être heureux , je ressentais une angoisse qui pouvait se résumer à cela, qui de la mère ou de l'enfant survivrait. C'est bien en ces termes là que se posait le problème.
Pour tout réconfort, j'eus un appel de mon père m'invitant à ne pas m' attacher à l'enfant qui n'avait aucune chance de survivre!
Bien qu'il s'excusa peu de temps après, je peux dire que c'était la dernière chose que j'espérais entendre.
Dans les jours qui suivirent la naissance d'Alexandre, dans le désarroi et le dénuement dans lequel nous nous trouvions face à une situation qui nous dépassait, je me trouvais bien isolé loin de ma famille d'origine.
Au mieux, on me servait de la condescendance polie, au pire, on pleurait avec moi comme pour se préparer au pire.
Le soutien n'a commencé à venir qu'au fil de nouvelles rassurantes, un peu comme un outsider, sur lequel on mise après qu'il eut vaincu un adversaire plus fort que lui.
Cela aurait pu être mieux vécu si ne c'était pas greffé sur cette situation déjà pénible, une haine et une rancoeur à ce jour non dissipées à l'égard de ma femme.
Aujourd'hui en écrivant ces lignes, j'en viens à me demander si on ne lui a pas reproché d'avoir accouché avant terme...
Certes, il arrive souvent à la bru ou au gendre d'avoir " volé " le fils ou la fille prodige, toutefois, il est des situations dont celle-ci fait partie, qui requièrent de tous les membres d'une famille ou d'un clan où l'union sacrée autour de la préservation de la vie.
Nonobstant l'aide matérielle qui nous a été apporté par mes parents, ceux-ci, ont été bien absents, là où je les espérais.....à nos cotés....dans cette lutte contre le désespoir.
Véronique ( sur Prémablog) nous explique que ses blessures ne sont pas refermées au bout de 11 ans. Je vous laisse juge de notre situation au bout de 23 mois.
Ce que je sais, c'est que je mettrais beaucoup de temps, à oublier de ceux que j'espérais le plus, ce que je considère comme une trahison.
Je compare aujourd'hui avec le recul leur attitude à celle d'un candidat à une élection appelant à voter pour l'un de ses concurrents dont il se sent le plus proche ayant perdu toutes chances d'être élu!
Je suis furieux et amère et ne sais pas si je pourrais pardonner un jour...