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20.5.06



Alexandre le 16 Mai. A titre expérimental, sans masque à oxygène, en train de faire un calin à "Bras doux", imprégné de l'odeur de sa maman.

un jour avec...

Aujourd'hui, nous avons eu une bonne nouvelle Alexandre a pris 40 grammes. Il fait 1kilo 200. En 50 jours, il a pris 384 grammes avec des pertes et des prises de poids. Il est toujours sous infant flow ( masque à oxygène) à 21 °/. Il fait toujours des bradycardies, il fait ce qu'il peut et nous avons toujours espoir qu'il s'en sorte. Nous prenons "notre mâle" en patience. L'espoir et la confiance sont porteurs. Je ne me laisse plus envahir l'esprit comme j'ai pu le faire les jours précédents. Plus de culpabilité, plus d'angoisse, ce sont des sentiments légitimes mais inutiles pour lui, comme pour moi. Je souhaite que mon enfant ressente notre confiance en lui et notre foi en l'avenir. Nous prenons conscience du rôle considérable que nous jouons par notre seule présence. En effet, la médecine ne peut pas seule résoudre ses difficultés. C'est en sentant et en ressentant la présence chaleureuse et rassurante de ses parents qu'il trouve la force de supporter ce que nous ne serions pas capable d'encaisser. Sachez vous qui nous lisez, et qui êtes peut être nouveau au club de la prématurité que ces petits bouts sont extrémement résistants à la douleur physique. Chaque jour, depuis à peu prés une dizaine de jours nous constatons de la par de notre fils, un intêret croissant pour son environnement. Dorénavant, il ouvre ses yeux en nous entendant et nous tend son pied ou sa main ( lorsqu'il a un catheter à celui-ci ou celle-là), pour nous signifier sa douleur. Il existe aussi, pour ceux qui savent voir, une foultitude de signaux et codes qu'il échange avec nous dans une sorte de " communication".
Ce soir, la crainte de papa est plus affective, que réaliste. L'attachement faisant, il craint qu'une banale petite infection ou tout autre problème vienne contrarier le processus bien entamé qui devra aboutir au retour à la maison. Il faut savoir en matière de prématurité que rien n'est jamais acquis, ni dans un sens ni dans l'autre. Nous avons l'illusion de matriser les évenements ou notre vie, mais juste l'illusion. La précarité tant décriée dans l'actualité récente fait partie intégrante de la vie, lorsque vous vivez une telle aventure, vous ne pouvez qu'apprécier la vie au jour le jour pour ce qu'elle vous apporte et partager la conviction d'André Malraux pour qui " la vie ne vaut rien, mais rien ne vaut la vie"...

19.5.06

être une mère de prématuré




A sa naissance Alexandre mesurait 32 cm et pesait 816 grammes à 27 semaines d'aménorrhée. Je n'ai pas été impressionné par sa petite taille, lorsque je l'ai vu pour la première fois . Je l'ai observé et détaillé. J'ai commencé à culpabiliser, lorsque j'ai appris ce que la prématurité pouvait engendrer. Encore plus lorsque, les gens qui passaient dans les galeries pour visiter les autres bébés et qui n'avaient pas accés aux chambres, s'arretaient devant celle d'Alexandre et le pointaient du doigt en commentant: " qu'il est petit celui là!". J'en ai vu, pour certains se pencher pour pouvoir lire son prénom sur le cahier...Lorsqu'on est malheureux, on a besoin de regarder ce qu'il se passe chez les autres, besoin de se rassurer... J'ai eu l'impression que mon enfant se trouvait dans un zoo... ,Je me suis sentie isolée, incomprise, coupable, révoltée, et par dessus tout frustrée...sentiments légitimes. Olivier qui est communicatif à commencer à échanger des impressions avec d'autres parents à l'hôpital et je me suis rendue compte que nous n'étions pas les seuls dans cette situation.Nos familles sont à des centaines de kilometres . Plus le temps passe et plus je me rends compte qu'Olivier à des collègues qui sont devenues de véritables ami(e)s. Elles sont d'un grand soutien et pour ma part j'ai lié connaissance avec des internautes que j'espère rencontrer un jour, qui m'ont surpris avec leur touchante attention. Ils sont d'un grand soutien aussi et je les en remercie

les jours passent.....


Le 31 mars, je suis arrivé seul à l'hôpital, ma compagne étant clouée au lit à la maternité. Il m'est apparu que je devais me partager entre les deux êtres de ma vie mais comment ? Fallait il privilégier l'un ou l'autre ? Je ne pû répondre à cette question. La seule évidence c'est qu'ipso facto je devenais "le lien" entre une mère et son enfant, trop vite séparés. L'énergie et les pensées qui m'ont habitées à ce moment ne me permettaient pas de voir les choses avec lucidité. J'ai fait comme j'ai pu... J'ai attendu l'arrivée de Corinne à l'hôpital avec une grande impatience car par cet acte nous allions pour la première fois former une famille : 1+1 faisait enfin 3!
Ce moment fût intense, d'autant que je voyais les gestes hésitants de mon amie qui du moins l'ai-je cru à ce moment ne réalisait pas encore qu'elle était devenue maman.
Pour ma part, j'ai toujours su que père serait ma vocation, à telle enseigne que mes premiers mots adréssés à notre fils furent : "te voilà enfin"!
L'angoisse d'une situation pour laquelle je n'étais pas préparé, laissa place à une grande joie teintée de fiertè car "papa" ça n'est pas rien!!
Je ne l'ai pas dit mais je suis moi-même prématuré car né il ya 36 ans à 7 mois de maturité, c'est à dire au regard des progrés de la médecine néo-natale au Néandertal !
Je suis handicapé mais vis heureux, cependant, je n'ai pu m'empecher de penser à ce que j'avais vécu : rééducation, médecins, moqueries, condescendence, pitié, manque de confiance en moi et de foi en l'Avenir. Il est clair que je ne veux pas de ça pour Alexandre...
J'ai au surplus souffert de surprotection paralysante de la part de ma famille, tout cela contribue à vous renvoyer sans cesse au visage une image de vous-même que vous fuyez!
Que dire aux gens ? Comment affronter des questions auxquelles je ne pouvais répondre ?
Qu'est-ce qu'un prématuré ? Je me suis rendu compte que personne ne sait vraiment ce que c'est et ce que ça implique en terme médical mais aussi et surtout en terme d'investissement humain.
De plus on ne vit plus que par et pour notre enfant, les moments d'intimité du couple fondant comme neige au soleil...
Alors on pense trouver le réconfort auprès des parents des autres enfants présents dans l'Unité de soins. Je me suis rendu compte que les mots sont lourds, que les lèvres sont sérrées, les yeux inquiets. Le besoin de parole est grand, c'est la raison pour laquelle ce site existe.
J'aimerais dire aux parents qui me liront que l'espoir est grand. En effet, en l'espace d'un mois et demi, notre enfant chétif et tout rouge comme une écrevisse est devenu un bébé au sens de ce à quoi on pense en en parlant.
Trés rapidement, l'oxygénation est passée de totale à une simple impulsion entrecoupée de période dites " à l'air libre".
Pour moi, le plus stessant est le bruit des machines et la déposséssion que nous subissons au profit des soignants.
Oui je le dit: j'ai craqué! Il ne faut pas avoir peur de nos faiblesses mais les affronter.
Honnêtement c'est grâce à mon Amour que j'ai repris pied....

16.5.06

Déchirement et frustration

Lorsque l'anesthesiste m'a annoncé" qu'il fallait sauver ma peau " avant tout, le 31 Mars, j'ai fui. Je me regarder subir toute cette serie d'examens, en silence...Il a fallu faire appel à 4 anesthésistes pour pouvoir me poser des cathéters pour "le grand jour", car j'avais tellement d'oedèmes! J'étais spectatrice et actrice de tout ça. Je me suis retranchée dans une espéce d' indifférence en essayant de faire de l'humour.En fin de compte, j'étais complètement désemparée. Le lendemain matin qui était un Vendredi , j'ai été cesarisé pour " le rôle de ma vie ". Je n'ai pas vu mon petit bout, il fallait faire très vite, car son état de santé était précaire. Le professeur qui me suivait pour ma précédente grossesse m'a félicité...Je me suis demandé pourquoi? J'ai été dépossédé de ma grossesse, dépossédé de mon enfant... J'avais demandé à Olivier de me ramener de l'eau de bleuet ( ça fait dégonfler les paupières aprés un gros chagrin)Je n'ai pu le voir que le Dimanche qui a suivi mon accouchement. Une ambulance est venue me chercher car le service de néonatalité se trouve à l'autre bout de la ville...Quel déchirement. Depuis que je suis sortie de la maternité, je consacre à Alexandre toutes mes aprés midi. J'essaye de lui donner le maximum de mon amour et de mon energie. Je me consacre un minimum de temps le matin. J'ai eu l'opportunité de faire du peau à peau lorsqu'il a commencé à prendre du poids et qu'il était stable au niveau santé ...ce fut un grand moment de bonheur... lorsque l'infirmiere me l'a donné, il m'a regardé. Quelle émotion ! Aujourd'hui, il pese 1157 grammes et profite un peu plus chaque jour...

Où nous contacter ?

Pour nous contacter, voici mon e-mail :olivedenice@neuf.fr
n'hésitez pas!

15.5.06

Temoignage


31 mars2006 est arrivé Alexandre à 5 mois et 3 semaines pour un poids de 816 grammes.... sa mère et moi n'etions pas du tout préparés à cela. Une pré-eclampsie ( ou toxémie gravidique) est responsable de sa venue si précoce. Depuis, il grandit comme il peut à l'hôpital Nord d'Amiens.
Le bruit des machines et le ballet des infirmières sont notre quotidien depuis lors.
Vous qui connaissez une situation similaire et qui souhaitez en parler, contactez-nous.
Merci et bon vent à tous ces bout'chou