Le 31 mars, je suis arrivé seul à l'hôpital, ma compagne étant clouée au lit à la maternité. Il m'est apparu que je devais me partager entre les deux êtres de ma vie mais comment ? Fallait il privilégier l'un ou l'autre ? Je ne pû répondre à cette question. La seule évidence c'est qu'ipso facto je devenais "le lien" entre une mère et son enfant, trop vite séparés. L'énergie et les pensées qui m'ont habitées à ce moment ne me permettaient pas de voir les choses avec lucidité. J'ai fait comme j'ai pu... J'ai attendu l'arrivée de Corinne à l'hôpital avec une grande impatience car par cet acte nous allions pour la première fois former une famille : 1+1 faisait enfin 3!
Ce moment fût intense, d'autant que je voyais les gestes hésitants de mon amie qui du moins l'ai-je cru à ce moment ne réalisait pas encore qu'elle était devenue maman.
Pour ma part, j'ai toujours su que père serait ma vocation, à telle enseigne que mes premiers mots adréssés à notre fils furent : "te voilà enfin"!
L'angoisse d'une situation pour laquelle je n'étais pas préparé, laissa place à une grande joie teintée de fiertè car "papa" ça n'est pas rien!!
Je ne l'ai pas dit mais je suis moi-même prématuré car né il ya 36 ans à 7 mois de maturité, c'est à dire au regard des progrés de la médecine néo-natale au Néandertal !
Je suis handicapé mais vis heureux, cependant, je n'ai pu m'empecher de penser à ce que j'avais vécu : rééducation, médecins, moqueries, condescendence, pitié, manque de confiance en moi et de foi en l'Avenir. Il est clair que je ne veux pas de ça pour Alexandre...
J'ai au surplus souffert de surprotection paralysante de la part de ma famille, tout cela contribue à vous renvoyer sans cesse au visage une image de vous-même que vous fuyez!
Que dire aux gens ? Comment affronter des questions auxquelles je ne pouvais répondre ?
Qu'est-ce qu'un prématuré ? Je me suis rendu compte que personne ne sait vraiment ce que c'est et ce que ça implique en terme médical mais aussi et surtout en terme d'investissement humain.
De plus on ne vit plus que par et pour notre enfant, les moments d'intimité du couple fondant comme neige au soleil...
Alors on pense trouver le réconfort auprès des parents des autres enfants présents dans l'Unité de soins. Je me suis rendu compte que les mots sont lourds, que les lèvres sont sérrées, les yeux inquiets. Le besoin de parole est grand, c'est la raison pour laquelle ce site existe.
J'aimerais dire aux parents qui me liront que l'espoir est grand. En effet, en l'espace d'un mois et demi, notre enfant chétif et tout rouge comme une écrevisse est devenu un bébé au sens de ce à quoi on pense en en parlant.
Trés rapidement, l'oxygénation est passée de totale à une simple impulsion entrecoupée de période dites " à l'air libre".
Pour moi, le plus stessant est le bruit des machines et la déposséssion que nous subissons au profit des soignants.
Oui je le dit: j'ai craqué! Il ne faut pas avoir peur de nos faiblesses mais les affronter.
Honnêtement c'est grâce à mon Amour que j'ai repris pied....
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