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4.7.06

l'heure du bilan approche

Au bout de trois mois de réanimation et de huit jours de soins intensifs, il est temps de faire le point du côté parental. Ceux et celles qui ont eu la chance de vivre une grossesse de neuf mois, ne peuvent pas imaginer ce qu'il peut se passer dans la tête de parents dont le rêve se termine brutalement. Olivier a cru que le ciel lui tombé sur la tête, sale et hirsute, il s'est rendu à l'hopital et s'est retrouvé devant une couveuse dans laquelle se trouvait notre fils. Sans vouloir choquer qui que ce soit, il a pensé que cela équivalait à mettre une côte de porc dans un four à pizza! Tout ce qu'il avait prévu de lui dire, c'est évanoui. Tout ce qu'il a été capable de dire à Alexandre :"te voilà enfin!"Lorsque l'ambulance est partie, il est resté seul avec ses doutes et ses angoisses : notre enfant allait-il survivre? Ne serait-il pas un animal de laboratoire?Ne fallait-il pas plutot me privilégier? Imaginez votre femme au Sud et votre enfant au Nord et une journée n'excédant pas douze heures. Que faire? Durant une semaine de vacances qui n'en furent pas, Olivier était partagé entre Alexandre et moi, en totale incursion en un monde totalement inconnu...Voir son bébé couvert de divers fils et sondes dans une couveuse surchauffée, tout cela dans une ambiance sonore insupportable. Vous en conviendrez, il y a de quoi perdre la raison et moi dans tout ça? Moi qui comptais sur Olivier pour assurer le lien entre Alexandre et moi. Imaginez un instant quel put être mon sentiment lorsque l'on me présenta trois jours aprés mon accouchement mon petit bonhomme, ajoutez à cela l'isolement d'un couple qui vit hors de sa région d'origine sans famille, ne pouvant compter que sur un noyau d'amis. Comme on dit vulgairement " nous étions à la rue ". Pendant un moment, je me suis sentie dépossédée de mon enfant au profit d'inconnu(e)s. Pensez aussi au complexe que j'ai du surmonter, celui de me sentir responsable de cet accouchement prematuré. Notre vie jusqu'à trés recemment, ne s'est articulée qu'autour des visites à l'hopital ( pas de loisirs) le vide total. Nous avons dû surmonter nos frayeurs, domestiquer les machines et nous adapter au corps médical. Au fil des semaines, la chambre d'Alexandre est devenue notre seconde maison et le personnel , une sorte de "famille d'accueil". Sachant bien sûr, que dans une famille , il y a toujours des hauts et des bas, mais qu'à la fin on finit toujours par se réconcilier! ( rires) Plus Alexandre progresse et plus nous nous sentons chez nous. Olivier pense en exagérant un petit peu, que nous avons subi " une sorte de syndrôme de Stockholm" ( éclat de rire). Les amateurs de psychologie apprécieront. Aujourd'hui, l'instant tant attendu est arrivé. Alexandre est aux soins intensifs et son état se stabilise de jours en jours. Notre " famille d'acceuil" nous manque. Nos re-pères ne sont plus. Paradoxalement, ce n'est plus à notre fils de s'adapter aux services ...mais à nous! Fatalement nous en venons à établir des comparaisons entre la réanimation et les soins intensifs. Et comme un fait exprés, la réanimation sort toujours vainqueur de la comparaison ( vous aurez bien compris que cela n'a rien d'objectif). Olivier se pose parfois la question de l'aprés hopital et se demande si, livrait à lui même, il sera à la hauteur du rêve de toute sa vie. L'histoire continue.....

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